La fonction finance a su naturellement s’imposer comme porteuse de la performance globale de l’entreprise, à travers un dialogue riche et constant avec chacun des métiers. Elle sait désormais non plus seulement mesurer mais aussi inspirer les résultats financiers et non financiers de l’entreprise.
La prochaine révolution de la fonction finance sera celle du sens. En effet, le DAF, qui a appris à donner du sens aux chiffres de l’entreprise, va devoir apprendre à donner du sens à l’action du quotidien. C’est le palier à franchir pour partager avec les personnes et non plus seulement avec les fonctions de l’entreprise :
- Donner le sens de l’entreprise
- Donner le sens de l’humain
- Donner le sens de la planète
Le DAF s’est imposé comme le promoteur déterminé de l’adaptation globale des organisations aux nouveaux défis. Il a su dépasser sa fonction et entraîner les autres métiers dans une réinvention du fonctionnement collectif.
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La fonction finance, pédagogue du sens de l’entreprise
La fonction finance porte l’exigence de la cohérence et de la constance des efforts en vue de produire un résultat collectif conforme à l’ambition de l’organisation. Promouvoir le sens de l’entreprise consiste à rappeler les objectifs business et surtout à faire comprendre les indicateurs partagés.
Pour réussir dans cette mission de gardien du temple et de maître des échéances, le DAF sait s’appuyer sur une colonne vertébrale digitale, qui centralise la donnée et la redistribue là où elle est utile. La fonction finance sait la valeur d’une data structurée, intègre, fiable et sécurisée.
Et c’est grâce à cette matière première, la donnée, présentée simplement et partagée avec tous, que le DAF diffuse le sens de l’entreprise. Travailler ensemble et dans la même direction, c’est d’abord disposer en même temps de la même information, présentée et comprise de manière identique par tous.
Le territoire d’évangélisation de la fonction finance ne se limite d’ailleurs pas strictement au périmètre des métiers de l’entreprise. Les clients, les prestataires, les fournisseurs, les sous-traitants, les distributeurs, les filiales, tous les contributeurs en fait à la chaîne de valeur, sont également utilisateurs de la donnée, au moins d’une partie d’entre elle, pour contribuer à la réussite à l’échelle de l’écosystème. La responsabilité du DAF est ainsi d’étendre le réseau de capteurs et d’interfaces, le système nerveux de l’entreprise, de façon à couvrir correctement le réseau des talents mobilisés.
La fonction finance, animateur du sens de l’humain
Une organisation fonctionne certes avec des processus, des machines, un système d’information et un projet d’entreprise. Mais elle réussit surtout en faisant confiance à la créativité et à l’engagement des femmes et des hommes. En particulier, et c’est le deuxième jalon de l’évolution de la fonction finance, l’entreprise réussit quand elle se soucie des conditions de l’appropriation des objectifs et des bonnes pratiques.
L’animation du sens de l’humain consiste ainsi pour le DAF à aller à la rencontre des acteurs. Ce n’est pas par hasard, par exemple, si le Directeur Financier de la RATP se considère comme le Directeur de la Valeur. Il regarde en effet son rôle comme étant de réduire le niveau d’effort d’acquisition des datas au profit de l’optimisation de leur usage.
Comment ? En adoptant une posture de clarté, de simplicité. En traduisant les faits opérationnels en langage commun, accessible aussi bien aux seniors qu’à un intérimaire embauché deux heures avant. Si tout le monde a besoin de la donnée pour augmenter son efficacité à son poste, tout le monde doit pouvoir comprendre la donnée et y accéder sans peine. Là encore, les ressources digitales avancées seront d’un réel secours, avec des graphiques didactiques et des illustrations parlantes.
Développer la culture du cash, c’est-à-dire la vigilance collective par rapport au recouvrement des factures et à l’utilisation raisonnée des ressources financières, ne peut par exemple s’envisager sans prendre en compte les aspects culturels de la relation à l’argent. C’est de ce point de vue que la fonction finance ne peut envisager l’avenir qu’en développant un véritable sens de l’humain.
La fonction finance, sponsor du sens de la planète
Enfin, s’il est un domaine où seule l’action collective est susceptible de produire un résultat à la hauteur des enjeux, c’est bien la décarbonation de l’économie. Et si la fonction finance est ici à nouveau pleinement dans son élément, c’est parce que l’objectif est de conjuguer rentabilité et sobriété carbone.
C’est pourquoi l’avenir de la fonction finance passe par la capacité à tisser un futur serein en mixant les contraires. Cet art de réduire l’impact sur l’environnement tout en améliorant les conditions sociales et en faisant des économies, Emmanuel Druon, le patron de Pocheco, en a fait un savoir-faire (et un livre) : l’écolonomie.
Au sein de l’entreprise, il revient au DAF de démontrer la réalité opérationnelle du concept. Par exemple, de valoriser le bénéfice de la dématérialisation en termes d’économies de volumes de stockage autant qu’en termes d’économies de gestion des factures. Ou encore, de chiffrer l’innovation et le juste à temps industriel autrement que par les seuls gains de productivité. Quand la supply chain est plus efficace, c’est aussi une bonne nouvelle pour la planète, avec moins de camions qui roulent, moins de déchets de production et moins de consommation de ressources. Après la comptabilité générale et la comptabilité analytique, la fonction finance se met à la comptabilité carbone !
En conclusion, l’évolution naturelle de la fonction finance est de donner à voir ce qu’il y a au-delà des chiffres. Le DAF est légitime pour s’emparer de la question du sens de l’action, abordée dans une optique de développement durable.
Il faut en effet pouvoir articuler la performance économique collective, la libération de l’énergie créatrice individuelle et la réduction de l’empreinte carbone de la communauté. La fonction finance, qui sait mettre en système les résultats de chaque métier, est idéalement positionnée pour mettre en relation les causes et les effets.
Pour le DAF, une véritable révolution culturelle sous-tend cette transformation.